La revue d’art interdisciplinaire Lisières publie depuis 1998 des monographies d’artistes et de créateurs contemporains. J’ai souhaité inviter Pierre Garel pour un entretien, artiste dont je suis le travail depuis les années 80, qui vit et travaille au Burkina Faso depuis 2000. Cet entretien a été réalisé en Charente maritime, lors d’un séjour de Pierre Garel en France, en été 2010.
Quels sont les fondamentaux de ton langage artistique et quand celui-ci s’est-il forgé ?
Actuellement, je considère que mon travail artistique s’est affirmé en 1993, par l’utilisation des cartes géographiques et la réduction de ma palette de couleurs à une seule, choisie de façon presque fortuite: le jaune. À cette période, je peignais à partir d’agrandissements cartographiques. Il y avait donc des peintures jaunes correspondant au désert, et des peintures bleues correspondant à l’océan. Peindre presque exclusivement avec la couleur jaune était une sorte de défi que je me suis lancé, une règle du jeu. La cartographie est une base importante qui m’intéresse depuis ma plus tendre enfance – âgé de dix ans, je recopiais des atlas de géographie – et qui m’a permis de travailler sur la notion de déplacement. La carte renvoie aux rêves qu’on peut avoir sur l’ail- leurs, les voyages, les autres pays et paysages, mais aussi en tant que matière même, avec toutes ses couleurs, ses signes, etc. À partir de ce moment-là, j’ai eu le sentiment d’être sur ma voie. Ensuite, j’ai développé ce que j’appelle « la peinture éclatée », qui ne se limite pas à l’espace du tableau, mais peut se déployer dans l’espace sous forme d’installation. Et dans l’espace du tableau même, l’utilisation du collage ou de la photographie me semble de nature à enrichir la peinture, et non la concurrencer ou l’amoindrir.
Retrouvez l’entretien complet sur le site de la revue Lisières