Lorsqu’à l’adolescence Serge Varlamoff découvre la pratique de la peinture c’est hors de tout contexte académique. Longuement, il œuvre dans la solitude sans montrer son travail. Plus tard, à travers les figures du groupe Cobra ou celle de Pollock, il trouve des références marquantes, sans jamais se départir d’une attitude indépendante, inhérente à sa formation autodidacte.
Son œuvre rend souvent hommage à la femme. Féminité comme présence réelle dont il fut entouré dès son enfance, mais aussi symbole du principe de vie. Cette énergie vitale qui palpite dans les lignes et couleurs de ses tableaux, et qu’il sent vibrer dans le grouillement de la ville. Au cœur de son œuvre, comme aux carrefours de la cité, domine la présence humaine. Ses études et son métier d’architecte révèlent cet intérêt pour l’univers urbain, mais la peinture demeure une façon de s’affranchir des contraintes que cette discipline impose. Pour lui, voir c’est avant tout voir l’humanité. Le regard ne vaut que par l’étonnement renouvelé qu’il suscite, et là naît une irrépressible envie de peindre. La représentation ne procède donc pas d’un concept mais d’une approche instinctive. C’est dans un temps second que la réflexion intellectuelle vient orienter la libre conduite des gestes, et engendrer un doute qui participe du processus créateur : Quelle place occupe son œuvre dans le devenir du monde ?
Le plaisir de l’expérimentation prévaut sur l’esthétisme et son œuvre explore les ressources, parfois inattendues, des matériaux qu’il emploie. En témoigne, dans les années quatre-vingt-dix, l’utilisation sans précédent du plastique qui devient son support de prédilection. Sur ces grandes surfaces tendues, au delà d’une apparente spontanéité du geste, c’est aussi une sédimentation de la mémoire qui s’opère. Le tableau raconte une vie, chaque fois recomposée, rejouée selon les humeurs et les couleurs du moment. Pour Serge Varlamoff, la peinture réclame une toute présence, elle implique une économie de moyens et vise plutôt une polysémie que des réponses toutes faites. Sa démarche recherche la confrontation avec notre époque et son lot de violence, tempérée par un certain hédonisme.